Glyphosate : qui peut encore l’utiliser en France ?

Depuis janvier 2019, la vente et l’utilisation de produits à base de glyphosate sont interdites aux particuliers en France. Seules certaines catégories professionnelles disposent d’autorisations strictement encadrées par la loi.

Les sanctions pour usage illégal s’appliquent désormais aux particuliers, tandis que le marché agricole bénéficie encore de dérogations. Les collectivités territoriales, quant à elles, doivent se plier à des restrictions renforcées.

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Le glyphosate en France : où en est la réglementation ?

L’Europe tergiverse, la France serre la vis. Depuis 2017, la Commission européenne repousse, prolonge, discute, mais le glyphosate reste dans le viseur. Ce désherbant, omniprésent mais décrié, voit son autorisation renouvelée à chaque bras de fer, la dernière fois en novembre 2023 pour une décennie supplémentaire, une décision qui a fait grincer des dents à Paris et dans d’autres capitales.

Sous le regard attentif de l’EFSA et de l’agence européenne des produits chimiques, le glyphosate conserve son statut sur le marché, faute de preuve irréfutable d’un danger “critique” pour la santé humaine selon ces agences. De quoi alimenter l’agacement des autorités françaises, qui répètent leur volonté de tourner la page de cet herbicide, sans pour autant le bannir complètement du paysage agricole.

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La réalité, c’est un terrain miné par les compromis : la France applique les règles européennes, impose ses propres limites et tente de répondre aux exigences des citoyens. Depuis 2019, impossible pour les particuliers d’acheter ou de manier le moindre flacon de glyphosate, sauf rares exceptions professionnelles. Les collectivités, elles, doivent composer avec des restrictions renforcées lorsqu’il s’agit d’entretenir espaces verts ou voiries.

L’équilibre reste fragile, surveillé de près par agriculteurs, élus locaux et associations environnementales. Entre cadre européen, pression nationale et attentes sociétales, la France avance sur une corde raide.

Qui peut encore utiliser du glyphosate aujourd’hui ?

Le glyphosate n’est plus à la portée de tous. La loi trace une frontière nette : particuliers exclus, professionnels sous surveillance. Depuis janvier 2019, l’achat, la possession ou l’application par un non-professionnel tombent sous le coup de l’interdiction, y compris pour le plus modeste des jardins privés. Les collectivités locales, elles, ont vu leurs marges de manœuvre réduites dès 2017 : l’entretien des trottoirs, parcs, ou forêts publiques doit désormais se passer de glyphosate, sauf rares dérogations dûment motivées et contrôlées.

Mais certains secteurs y ont encore recours. Les agriculteurs conservent l’accès à cet outil, à condition de respecter à la lettre les conditions d’homologation : intercultures, préparation des terres, lutte contre les vivaces coriaces. Chaque usage doit cependant s’inscrire dans une logique de réduction progressive, conformément à la doctrine Écophyto.

Voici les autres catégories qui peuvent, sous conditions strictes, employer du glyphosate :

  • Les professionnels des espaces verts, agents ferroviaires, aéroportuaires ou responsables de voirie, peuvent utiliser cet herbicide lorsque les alternatives mécaniques ou thermiques sont impossibles à mettre en œuvre.
  • Les équipes de recherche disposent d’autorisations ponctuelles, encadrées par des protocoles précis et une surveillance administrative.

Sur le terrain, chaque utilisation doit être justifiée, tracée, prête à être contrôlée. Les règles sont claires : le glyphosate est désormais réservé à un usage strictement professionnel, bien loin des pelouses domestiques et des abords de maison.

Pourquoi le glyphosate est-il interdit aux particuliers ?

Le glyphosate soulève de puissantes inquiétudes sur le plan sanitaire. Dès 2015, le CIRC, rattaché à l’Organisation mondiale de la santé, a classé ce produit comme « cancérogène probable » pour l’homme. Les études pointant le risque de lymphome non-hodgkinien se sont multipliées, même si la controverse scientifique demeure. Face à l’incertitude, les autorités françaises choisissent de restreindre l’exposition.

Mais la santé humaine n’est pas la seule préoccupation. La dispersion du glyphosate dans l’environnement, eaux, sols, biodiversité, inquiète tout autant. Présence dans les rivières, déclin de la faune aquatique, appauvrissement des sols : le glyphosate, hors d’un cadre strict, se faufile partout. Or, impossible d’assurer chez les particuliers la bonne utilisation, le dosage ou le stockage sécurisé d’un tel produit. Voilà pourquoi il a quitté les rayons destinés au grand public.

Des organismes comme l’institut national de recherche martèlent le même message : protéger les populations vulnérables, limiter les expositions involontaires, prévenir toute contamination accidentelle. Trop souvent, les particuliers sous-estiment la dangerosité des herbicides. La priorité va donc à la sécurité collective : restreindre l’accès pour mieux maîtriser les risques et préserver la ressource en eau.

agriculteurs autorisés

Des alternatives accessibles pour jardiner sans glyphosate

Interdit ne rime pas avec impasse. Les solutions alternatives ne manquent pas pour qui veut entretenir son jardin sans glyphosate. Parmi elles, les produits de biocontrôle tiennent le haut du pavé : d’origine naturelle, ils sont autorisés pour les amateurs. Extraits végétaux, huiles essentielles, micro-organismes… L’arsenal s’élargit. Sur les étagères, l’acide pélargonique issu du géranium s’impose comme un allié pour terrasses et allées, brûlant les feuilles des jeunes adventices sans polluer le sol.

L’entretien mécanique a aussi gagné ses lettres de noblesse. Désherbeurs thermiques, binettes ou sarcloirs s’invitent dans les cabanons. Leur secret ? La régularité. Les jardiniers avertis misent sur la prévention : paillage, engrais verts, plantations serrées. Ces gestes limitent la prolifération des mauvaises herbes et protègent la vie du sol.

Voici quelques pistes concrètes pour remplacer le glyphosate au jardin :

  • Paillages végétaux, paille, BRF, chanvre, pour limiter la pousse des indésirables
  • Couvre-sols persistants comme le lierre, la pervenche ou le géranium vivace
  • Travail superficiel du sol pour déraciner les jeunes pousses
  • Utilisation d’outils thermiques ou électriques adaptés

La gamme des produits à faible risque complète cette panoplie. Sélectionnés pour leur faible impact sur les insectes utiles, ils répondent aux exigences de l’agriculture biologique. La palette d’options s’élargit donc pour les jardiniers qui souhaitent se passer des molécules de synthèse.

Le glyphosate s’efface peu à peu des pratiques domestiques. Mais sa place laissée vide n’est pas un vide : elle invite à inventer de nouveaux réflexes, à réapprendre le geste et à regarder son jardin autrement. Le désherbage n’est plus un automatisme, mais un choix réfléchi, qui façonne déjà les paysages de demain.